Montane Legends Trail 2019.
La dernière fois que j'ai écrit un rapport proprement dit sur une course, c'était pour le Legends Trail 2017. Mon premier Legends, mon premier DNF aussi. Mais une révélation pour moi et ma pratique du trail running. Il s'est passé tant de choses depuis !
Stumilak en Pologne, Another One Bites the Dust ( ma première victoire!), la Leo 180 terminé la version 190km, dnf la 200, Bergisher 250, et quelques autres aussi, bref de l'expérience, beaucoup d'expérience glanée en deux ans...
L'année dernière le Legends trail m'a laissé un goût tellement amer! J'étais prêt, vraiment prêt, mais parfois la vie en décide autrement. Et ce fut le cas pour l'ensemble de mon année l'année dernière. Une année difficile mais qui m'a endurci. Finalement peut être une force pour la suite !
En tout cas quelle chance d'avoir croisé le chemin de Stef et Tim pour accéder à ce monde et cette famille qu'est La Legends Family !!! Je peux affirmer sans me tromper que ma vie a changé depuis ce momen-là ! Et que dire des changements depuis que j'ai rencontré ma femme Karmen!! Je ne suis définitivement plus le même et je pense ne m'être jamais aussi bien senti, serein et fort !!
Bref la vie quoi !! Et cela m'a mené ici le 1er Mars 2019 à Mormont pour le Legends Trail.
Bon, cela fait des semaines que je réfléchis à préparer mon back pack et mon drop bag. Mais je suis assez confiant pour deux raisons : la première étant que je travaille depuis septembre dernier pour TraKKs, ce qui me donne accès au meilleur matériel et du temps pour y réfléchir dans le contexte approprié, la seconde étant que ces dernier temps je multiplie les longues sorties solos, et donc j`affine à chaque fois la connaissance de mes propres besoins (petit truc que je partage avec vous d'ailleurs, après une course ou une sortie, prenez le temps d`analyser votre sac, ce que vous avez pris en trop ou qui vous a manqué et tirez en des enseignements pour la prochaine fois).
Les derniers jours se passent bien, un peu de stress mais bien moins que d'habitude, une certaine sérénité et confiance en fait. Ce qui est sûr c'est que je suis aussi prêt que je peux l'être, donc aucune raison de m'inquiéter. D'ailleurs tellement confiant que je vais faire une erreur qui aurait pu me couter la course, mais on verra ça plus tard !
Donc le matin arrive, la nuit a été courte comme chaque veille de course, mais suffisamment reposante. Petit déjeuner, café, et hop Karmen et moi, on fait notre petit rituel avant de prendre le train, petit passage par Starbuck, et direction Aarschot pour récupérer la Legends mobile (voiture de Stef), et hop direction Mormont. L'excitation grandit mais la confiance reste majoritaire ! La route est tellement plus facile que l'année dernière, où est la neige ?
On arrive et les premiers visages connus apparaissent, les retrouvailles, les encouragements mutuels, bref une énergie tellement positive !!! Cette ambiance chaleureuse de la Legends Family n'a pas deux pareils! A la différence de l'année dernière je me sens tellement serein ! Trouver une place pour les affaires, récupérer le dossard, les cartes, kit check (thanks Marek ! ), et finalement récupérer le tracker, cette sécurité à laquelle nous serons suspendus pour les 3 prochains jours. Une formalité médicale et hop, je trouve une pièce ou aller me changer. Et dans cette pièce apparaissent un à un mes compagnons habituels, Maarten, Marek, Neequaye, François, Mark, et voilà l'ambiance Legends on est complètement dedans, ça rigole, ça parle matériel, ça se questionne sur les tactiques, l'état de forme etc... bref l'instant T approche doucement.
Je suis prêt en avance, mais toujours assez calme. J'en profite pour aller voir un peu tout le monde, regarder un peu les cartes, bref je fais passer le temps ...
L'ambiance et la pression montent doucement mais c'est cool, cela n'a pas l'air tendu du tout.
Allez 10 min avant on se dirige doucement vers la ligne de départ... C'est là qu'Ania a une étrange idée, tester une théorie : elle arrive soudainement, me demandant à 10min du départ, la date de mon mariage ! Je suis désemparé, je doute, tellement concentré sur la course ! Le 4 août je crois, ou je pense le 4août, et là elle me dit que je prouve sa théorie comme quoi les hommes ne s'en rappellent jamais!! Mais quelle dâte alors? Elle n'en sait rien. Je fonce voir Karmen. Le 4 août ou je me trompe? Non j'ai raison! Ahah ! Ania tu n'as rien prouvé ha!! Mais quel stress!
Allez c'est le moment du briefing, toujours aussi cool, en trois langues, et tellement plein de sérénité, sécurité et valeurs que nous partageons tous.
Un dernier câlin et quelques baisers à Madame, et hop c'est parti!
On sort du village par quelques chemins à travers les champs, pour s’engouffrer petit à petit dans la forêt et descendre vers les bords de l'Ourthe. De sentiers assez larges, on passe rapidement à un single track un peu technique, ce que je savais, donc j'ai doublé pas mal au départ pour ne pas me retrouvé coincé dans un faux rythme directement. Je me retrouve ainsi assez rapidement seul et trouve mon rythme. Ça y est, je me sens bien dans la course, l'aventure commence...
Bon les bords de l'Ourthe restent fidèles à eux même, techniques, glissants, des racines, des pierres, des passages étroits, plus ou moins prêts de l'eau, bref ce que j'adore!! En tout cas, comparé aux deux années précédentes, pas de neige ou de glace ce qui nous rend la tâche tellement plus facile!
Du coup je me concentre sur mon principal défaut qui est de partir trop vite quand c'est trop facile, donc, je me trouve un rythme de croisière avec une petite lumière rouge devant jamais trop loin pour ne pas me sentir trop seul et garder quand même une certaine allure...
Je dois dire que cette année le parcours le long de l'Ourthe était quand même moins complexe, ou peut-être que je me sens simplement plus facile et plus en jambe, bref « a piece of cake »!
Et hop, à un moment donné, on met un peu la tête hors de la forêt, passant dans un champ, sur la route, puis un photographe sur le côté en pleine nuit au milieu de nulle part, cool! C'était un gars de Belgium Running, ben dit donc, le Legends, ça devient de plus en plus populaire! Je suis bien content pour Stef et Tim, un peu de visibilité pour leurs events, ça fait toujours plaisir!
A la sortie de cette petite route, il me semble voir quelqu'un, sans lumière, étrange. Plus je m'approche et plus apparaissent des éléments réfléchissants. Oh c'est Ingo, il a visiblement des problèmes avec sa frontale, simple changement de batteries, c'est vrai que si tôt dans la course, c'est pas cool! L'occasion de discuter un peu et lui offrir un peu de lumière!
Allez je file avant qu'il ne se remette en route, et de prendre froid. A peine remis en route, le sentier disparait plus ou moins et le GPS me dit de tourner ou il n'y a rien, un autre coureur devant moi s'enfonce dans les buissons, puis je vois un lit de rivière que le GPS semble suivre, allez hop l'occasion de justifier mes chaussettes waterproof ! Allez les pieds dans l'eau et hop direction l'Ourthe. Ça descend sec, ça glisse, c'est compliqué, mais qu'est ce que c'est drôle! On est là pour ça hein ?! Un peu plus loin, en suivant la rivière, le gars des buissons en sort enfin, et se retrouve avec moi... et... chouette un français!! Yann L'Hostis. On se connait de nom. On sympathise directement. Même philosophie de running et de vie, des expériences différentes mais variées, et hop on commence à parler, se marrer. Un finisher de la Spine Race est en train de courir avec moi, wouhou, quel honneur! Donc on trouve notre rythme et voilà la French Team est lancée.
Première envie d'une petite clope, et hop il se joint à moi! On approche de La Roche en Ardenne, on est en train d'envisager une petite bière là-bas... chose dite, chose faite! On arrive à La Roche, Chloe et Mervyn et quelques autres sont déjà là pour un petit coucou, top, ça fait plaisir! On trouve un bar, une petite La Chouffe, une petite clope, on donne des nouvelles à nos madames respectives, un selfie et hop ça repart. Et blabla et blabla le tchat continue. Chouette, tellement content de l'avoir rencontré le loulou ! Mais mon Dieu cette Chouffe, on commence à se demander si c'était une bonne idée ! Elle pèse sur l'estomac. Pas grave, ça va passer, on a le temps, hein!
On avance bien, j'ai les jambes, pas de fatigue aucune. Je suis un peu plus rapide, donc parfois je pousse un peu puis l'attends, on trouve notre petit rythme. On passe un deal. Vu qu'il est plus expérimenté, je lui dit que quoi qu'il arrive je ne lâche pas, même si on se retrouve séparé je ne quitte pas sans l'avoir vu. Mais bon, au moment ou l'on parle de ça je me sens tellement bien que je n'arrive pas à imaginer ce qui peut me faire lâcher. Tout va bien, le temps passe assez vite, l'effet de La Chouffe passe doucement... on approche tranquillement du CP1. Cool ça, les 71 premiers kms sont passés crème !
Et là comme à chaque fois sur les CPs des events Legends, une atmosphère tellement positive ! Et comme le plus heureux des hommes, ma femme pour m’accueillir. Je me sens bien. On attrape nos drop bags, on trouve une place, prêt du poêle, parfait pour sécher tout ce qui doit l'être. Du coca, beaucoup de coca, Yann et moi en avions quand même besoin. On était quand même un peu barbouillé après cette Chouffe. Lui plus que moi, il n'arrivait rien à avaler.
Le temps de changer les premières couches de la tête aux pieds. Les pieds, jusqu'ici, sont bien, pourvu que ça dure. On a décidé de rester une heure max dans le Cp, on surveille l'horloge...
Yann en profite même pour une petite power nap. Le temps passe vite et l'envie de se remettre en route est là. Allez, la lumière du jour apparait, cool ça va faire du bien ! Une petite sèche et on repart.
On repart vraiment tranquillement. Je me sens quand même bien en jambe. Du coup le yoyo entre Yann et moi reprend. Mais ça me va. Tellement content de partager mon périple avec ce gaillard! Martino et Josef nous passent à un petit rythme, cool. On arrive ensemble, Yann et moi, vers Lorcé dans un petit rythme tranquille, là se trouvent Chloe et Mervyn avec leur camping car, le temps d'un petit café un petit tchat amical, une photo et hop ça repart ! Et là mes jambes se sentent bien; je dis à Yann qu'on se retrouve au pire au CP; et la je lâche les Watts !
Je rattrape deux coureurs et on se retrouve sur le parcours du OHM que je connais plus que bien, là, ma course est vraiment lancée; je me sens bien, pourquoi m'en priver? Je fonce, je rattrape même Jozef et Martino. OUI ! Martino, el Maestro ! C'est la première fois que je le dépasse en course, et pas lui qui me passe quand je suis en fin de vie! Là c'est moi qui passe ! Quel bon signe pour ma course et pour la confiance.
Allez voilà, j'arrive à Aywaille, en terre connue, je stoppe vite fait au supermarché pour prendre un Red Bull, je sens que je vais en avoir besoin dans la nuit.
Dernière petite (ironie...) montée avant le CP et hop voilà de retour avec Madame et la famille!
Bon, le plus dur est à venir après ce Cp. Donc je prends mon temps pour me soigner, manger, charger mon sac etc... Les pieds ont pris un petit coup de chaud, alors c'est le moment de changer le set-up des pieds. Nouvelles chaussettes waterproof, montantes jusqu'en haut des mollets car les Fagnes arrivent, de la NOK, et un coup de séchage avant tout ça. Allez un petit café et ça repart!
Yann arrive juste au moment où je m’apprête à partir. Il a l'air dans le dur. Courage à lui !
Allez je ne traines pas trop pour pouvoir utiliser la lumière du jour autant que je peux. Prochain but, le Ninglinspo.
Le redémarrage est un peu dur, mais bon normal, il faut des coups de mou aussi, sinon c'est pas drôle. Je trouve mon petit rythme, retrouve un coureur belge, Jean Pierre qui a des petits problèmes de navigation avec sa montre, on fait un bout de chemin ensemble. Petit passage par les fameux piliers du pont de l'autoroute vers Remouchamps et La Redoute, je lâche Jean Pierre et voilà le Niglinspo qui approche et la nuit qui tombe. Chloe et Mervyn sont là aussi. Petit café, petit coca. Ils m'informent qu'un petit groupe est juste derrière moi. Je décide de les attendre ce sera plus facile et gai d'être avec eux. Et hop on repart. Le Ninglinspo et sa fameuse montée sèche, je prends les commandes du groupe jusqu'en haut à peu près. Puis la Chefna. On perd deux membres du groupe dont Martino. En haut de la Chefna, quelques bénévoles sont là, toujours agréable un peu de chaleur humaine. Voilà, là, on entre dans le dur, ce long plat jusqu'à l'aérodrome de Spa et haut delà. On maintien une chouette allure de marche, mais ils sont quand un peu rapides pour moi parfois. Donc, je joue au yoyo avec eux. Ça commence à être dur. Le sommeil arrive doucement. On trouve un petit abri dans un espèce de gîte. Petite pause, micro sieste. Et ça repart.
Là c'est vraiment dur pour moi. Je leur dit de filer, même si Jozef semble insister à m'attendre. Je me pose encore pour une micro sieste. Ils filent. Allez man ! Sois patient, ça va revenir ! Voilà j`ère un peu groggy, mais encore dans la course, c'est là l'essentiel. Le jour se lève doucement. Je me sens un peu mieux, mais le terrain! Des racines, des pierres sans fins, et ces marécages!!! Je commence à en avoir marre, et pas qu'un peu. Je tombe quelques fois...
Mais bon ce qui me fait tenir c'est que mon corps ne me dit pas stop. A aucun moment. Même lorsque je me tords le genoux et la cheville sur une bonne chute, le pied coincé dans une racine. Allez tiens bon. Le CP n'est pas loin. Après ça, ce sera du beurre hein! Tant bien que mal, j'arrive mais avec une motivation en berne. Au CP, mon but sera d'arriver à me remettre dedans.
Allez voilà, sur mon GPS, le CP est juste là, cool. J'y suis. Karmen vient à moi. Elle a du voir à quel point j'ai ralenti. Mais bon; voilà c'est comme ça. Je rentres dans le CP. J'ai prévu de dormir un peu. Bart est là. Pour un Kit check. Les lumières ok, la lumière arrière rouge ok, le bivy... Là mon sang se glace. Putain. Je ne l'ai pas. Je réalise que j'ai fais entièrement mon sac sans même regarder le matériel obligatoire. Tellement l'habitude. Et lors du kit check, j'ai plus rigolé avec Marek que fait les choses sérieusement. Et là, la sentence tombe. 4H de pénalité. Putain, c'en est trop, première réaction d'énervement, allez c'est bon j'arrette. J'en avais déjà marre et ça en plus? C'en est trop. Réaction à chaud. Puis je vois les yeux et les expressions de visage de Karmen, Stef et Tim. Ça me touche. Ok laissez moi deux minutes seul. Je prends un clope, je sors. Non, Karmen, seul. Vraiment, j'en ai besoin.
Bon, allez Alex. Tu es là pour finir. Une pénalité, ok. Tu vas bien ? Physiquement oui. Mentalement, ça pourrait être mieux, mais tellement pire aussi. Concrètement tu as le temps ? Oui c'est jouable. Alors pourquoi tu fais ta princesse ?
Allez, après ça c'est reparti pour le mode course. Concrètement j'ai 5h15 d'avance sur le cutoff. Alors en me concentrant sur les priorités, ça va le faire. Première chose, ici il y a des douches. Alors go. Ensuite voir comment gérer mon sac, car si je veux dormir pendant ces 4h de pénalité, il va falloir que je cours avec mon sac de couchage, c'est la règle. Heureusement il n'est pas si gros. Tchic Tchac et hop tout rentre. Prochaine étape, à peine un marathon; easy ! Le sac c'est prêt. Mes pieds sont dans un état top, pas besoin de soins particuliers. Reste à manger et boire. Voilà, c'est bouclé. Allez je rends le drop bag. Merci Karmen pour le coup de main et surtout pour l'efficacité, grâce à ça je vais garder une demi heure de marge avec le cutoff. Bon maintenant il va falloir tuer 4h. Je traines un peu à discuter à droite à gauche, puis je vais dormir un peu, genre 1h15/30, mon combo bivy/sac de couchage est parfait, dormir sur un banc sous la pluie, ce n'est pas le luxe mais ça fonctionne plutôt bien. Encore du temps à tuer, discuter encore, checker un peu les cartes... bref ça passe doucement mais ça passe. Puis l'heure approche, c'est le moment de doucement me préparer. La partie à venir, je la connais bien. Ça va le faire. Allez hop je suis prêt à partir, Bart viens pour me donner le top. Karmen est là. Elle a l'air confiante. Autant que moi. Cool ça. Allez go c'est parti !
Je me mets en route. La machine est en ordre. Je cours. Même plutôt vite. J'arrive rapidement sur Malmedy. J'ai déjà repris deux coureurs, bon pour le moral ça ! Ça file assez vite, j'arrive rapidement à Stavelot, Chloe et Mervyn sont encore là, du café, du coca, une ou deux frites, et là je fonce. Je connais par coeur cette partie. Et j'ai deux coureurs juste devant à rattraper, Geert et Willem. La montée après Stavelot passe vite et je les rattrape juste avant la descente sur Coo. A Coo, petit rituel je m’arrête pour un coca, le distributeur est en panne, donc dans un bar. Direction Trois Ponts donc, et ça monte puis ça descend, ça y est je commence à sentir le dénivelé accumulé.
En arrivant sur Trois Pont, j'envisage un petit stop, car après ça, la nuit et plus rien de disponible avant le CP et la tente d'Ingo (CP sauvage) à Baraque Fraiture. Qu'est ce que je sens... des croustillons ? Trop bien! Allez hop 10 croustillons et un Sprite ( plus de coca, juste du coca zéro même pas en rêve !). Sortie de Trois Ponts, encore des bénévoles sur le bord de route, trop bien, je recharge ma gourde. Qu'est ce que j'aime l'organisation des Legends events, à la dure et tellement réaliste des besoins des coureurs en même temps.
Une bonne petite montée s'affiche, je l'attaque, je me perds dans mes pensées un peu et hop, première erreur de navigation. Je fais demi tour et reprends le mauvais chemin, un espèce de chemin remplis de broussaille et de ronces !!! Trop tard pour faire demi tour lorsque je comprends mon erreur, alors je coupe pour rejoindre la bonne route. J'ai perdu du temps et de l'énergie, mais c'est pas grave, je suis bien et toujours dans les temps. Allez je retrouve mon rythme.
Tranquillement j'arrive au Cp4. Un peu groggy je dois dire, mais en forme malgré tout.
Karmen est là, fidèle au poste. Je fais le plein, je me changes encore une fois. Je suis quand même un peu à l'ouest, difficile de communiquer avec Elle et qui que ce soit. Mais je suis focus et persuadé d'arriver à terminer, donc tout va bien.
Tranquillement je quitte le CP dans les bois.
Le vent se lève, fort, puis très fort, je me retrouves dans les champs, la pluie fait son apparition, des conditions dignes de la Spine. L'avantage de ce genre de météo, c'est qu'il ne reste plus qu'une chose à faire: rester concentrer et mettre un pied devant l'autre. Je surveilles mon avancée sur mon GPS et ça va les kms passent. Même plutôt vite. Au milieu de nulle part, deux lumières apparaissent et se dirigent vers moi. Des bénévoles ? La safety team ? Je me serai trompé ? Et soudain je trouve Nico et Peter. Ils vont en sens inverse. Quoi ? Où je vais ? Ben j'avance, et vous ? Visiblement ils se sont trompés en repartant dans le mauvais sens. Mais on est dans la troisième nuit. Personne n'est sur de rien. Mais perso je ne veux pas discuter dans le froid. Je continue donc ma route et contacte immédiatement Karmen pour qu'elle dise à la safety de les appeler et les convaincre ou de m'appeler si c'est moi qui suis dans le faux. Et finalement, j'avais raison.
Ils ne tardent pas à me rejoindre. Ils sont un peu plus vite que moi, alors je garde mon rythme. La tente d'Ingo approche ainsi que l'arrivée. J'ai du temps, rien ne sert de se presser. Je suis fermement convaincu que ça y est j'arrive au but et une sorte d'euphorie s'empare de moi et je me sens d'une légèreté physique et mentale incroyable au regard de chemin parcouru avant.
J'attaque donc la piste de ski de Baraque Fraiture de face et là un des amis d'Ingo vient même à ma rencontre, quel luxe !
Et ça y est, un de mes buts de course est déjà atteint. J'ai rejoins cette tente légendaire en tant que coureur (et pas DNF ou bénévole comme les années précédentes). Sur place, des croques monsieur, des frites, du café, du coca et tellement de choses ! Mais avant tout la gentillesse et la serviabilité de ce très cher Ingo ! Merci encore Amigo !
Allez hop, il faut se mettre en route pour la dernière partie, que je connais assez bien. La partie le long de l'autoroute et ses broussailles, puis on s'enfonce dans la forêt. Je commence à avoir tellement sommeil et avoir des hallucinations, rien de grave, mais chaque pensée qui traverse ma tête se retrouve à un moment ou à un autre matérialisée devant mes yeux, et ça me fait marrer! Totalement euphorique. Je décide de m’arrêter dormir un peu, je préviens Karmen. Des troncs d'arbres alignés le long du sentier le transat parfait (validé lors d'un VaBoVa, Vaals-Botrange-Vaals, effectué 2ans plus tôt avec Marek). Je trouve une chouette position, ajuste mon bivy et hop une petite sieste de 20min.
Je me réveille, me sens mieux, l'heure a avancé, ce qui veut dire que la lumière du jour approche. Cool ! Allez je remet du rythme. J'avance bien. Au milieu de nulle part, à l'approche de Achouffe, Dave apparait. Il vient à moi avec une cigarette et du coca. Il lit dans mes pensées ! Mais la pluie se met à tomber, et pas qu'un peu, la vraie douche ! Ça annonce un terrible finish ! Je ne traine pas donc. Et j'avance.
Le soleil apparait ensuite, le vent continue d'être assez violent. Et puis j'arrive à Achouffe. Et là l'émotion s'empare de moi et je commence à avoir les yeux humides et le cœur serré. Putain ça y est c'est fait, j'arrive ! Putain Papa si t'avais pu voir ça ! J'espère que de là ou tu es, tu vois ça, parce que moi, c'est à toi que je pense maintenant... et ces pensées tournent en ronds dans ma tête, mêlées à un sentiment de satisfaction si profond !
C'est tellement plus que du sport, oui tellement plus !
Les dernières difficultés le long de la rivière, et la ligne d'arrivée approche, j'entre dans Mormont, j'arrive à cet arrêt de bus que je connais si bien pour l'avoir croisé en tant que DNF ou lors de reconnaissances, bref ça y est j'y suis, je vois Karmen...
Ça y est c'est fait. Karmen, Stef, Tim et tant de monde sont là pour moi, quel honneur d'arriver là.
Les émotions se bousculent. Je ne sais quoi dire, ni quoi faire...
Mais tout au long de ce week end j'ai fais tant, que maintenant il temps de se laisser aller un peu.
Stef me remet la médaille tant attendue, Tim un pack de Kerel (bières officielles Legends) ils me félicitent ainsi que tant d'autres...
Je serre Karmen contre moi. Tellement heureux de partager cela avec elle !
Un moment hors du temps dont je ne me souviens finalement peu de choses, mais dont les émotions resteront gravées en moi à jamais.
Définitivement il y aura un avant et un après.
Je ne suis définitivement plus le même.
Merci.
Merci à tous.
Merci tellement à tous ceux qui ont contribué à tout ça, bien sur à Karmen spécialement, sans qui rien ne serait si facile, et Stef et Tim sans qui rien ne serait si difficile.
Et maintenant repos, et en route pour les prochaines aventures !!!
Rock&Run guys !!!